Page:Soubhadra Bhikshou - Catéchisme bouddhique, 1889.djvu/84

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comme un renoncement douloureux, est encore bien loin de la vraie connaissance ; celui qui, au contraire, en y renonçant, croit se débarrasser des choses vaines, sans valeur et pesantes et secouer de lourdes chaînes, est seul dans le vrai[1].

  1. C’est une illusion que l’homme sensuel, tout rempli de la volonté de vivre, du désir d’exister et de jouir, nourrit pour son propre tourment, de croire que la satisfaction de ses penchants et de ses passions lui donnera le bonheur. Ses désirs ne sont apaisés qu’un instant, lorsqu’il obtient ce qu’il voulait ; ils renaissent bientôt, d’autant plus forts qu’il leur cède davantage. Chaque souhait, qui se trouve accompli, en engendre un autre, et il est impossible que l’on puisse ainsi arriver à la satisfaction finale. Il faut ajouter du reste, que, dans cette voie, il faut s’attendre à des échecs, à des désillusions inévitables. Il faut enfin accepter la lutte avec tous ceux qui poursuivent le même but. Nous ne pouvons livrer ce combat perpétuel qu’aux dépens de nos forces physiques et morales. Moins nous refrénons nos désirs et nos penchants, plus ils prennent le dessus et plus ils diminuent nos forces, qui sont cependant nos seuls moyens de jouir. Ainsi, accroissement de nos désirs et, en même temps, diminution des moyens de les satisfaire : telle est l’inexorable loi naturelle, à laquelle nous venons nous heurter, si nous prenons cette voie pernicieuse. Tout homme, qui médite sérieusement sur ces questions, doit donc reconnaître combien il est insensé de courir après les jouissances sensuelles, puisque le bonheur que nous cherchons, avec