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Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/106

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Lucy sourit amèrement ; et, comme emportée, elle s’écria :

— Mais si c’est…

Elle s’arrêta en serrant les dents, comme pour briser au passage les paroles qui lui montaient à la bouche ; elle devint rouge comme si elle allait suffoquer ; elle but un peu pour se remettre, et Luizzi lui dit, en surveillant le trouble croissant qui se montrait en elle :

— Mais, quel qu’il soit, on peut le réduire au silence !

Lucy sourit encore avec la même expression de doute et de désespoir, et Luizzi continua :

— Oui, Lucy, un homme dont on s’assure la tendresse et le dévouement par une longue épreuve, un homme dont on ne peut plus douter est un confident à qui l’on peut tout dire et qui oserait tout pour celle qui le chargerait de son bonheur.

La marquise fit entendre un rire amer.

— Une longue épreuve, dites-vous ; mais je vous ai dit qu’à la première entrevue cet homme deviendrait suspect.