Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/105

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arme contre nous toute une famille pour faire exclure celui qui lui porte ombrage… oh ! c’est un supplice horrible… Mon Dieu ! il faut pourtant qu’une femme en finisse !…

Pendant qu’elle parlait ainsi, le visage de la marquise s’était exalté ; Luizzi, demeuré froid, remarqua que ses dents claquaient sous ses paroles ; il vit qu’elle se laissait gagner à une sorte de fièvre. L’homme est implacable. Luizzi remplit négligemment son verre et celui de la marquise ; elle prit le sien, le porta à ses lèvres, puis le posa sur la table avec une espèce d’effroi.

— Vous êtes une enfant, Lucy, reprit Armand, en s’appuyant sur la table et en la regardant amoureusement. Un pareil homme, s’il se rencontre, est un misérable qu’une femme doit pouvoir faire taire en un instant.

— Et comment cela !

— Si c’est un lâche, il n’y a pas grand mérite à celui qui prend la défense de cette femme : si c’est un homme brave, tant mieux ; il y a quelque dévouement à risquer sa vie contre lui.