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Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/127

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— Vous ne le devinez pas ?

— Vous voyez bien, monsieur le baron, que je ne veux rien deviner, repartit madame Dilois avec un rire si franc de coquetterie, qu’il devait être ou bien hardi, ou bien innocent.

— C’est me forcer à tout vous dire.

— C’est donc bien désobligeant à entendre ?

— C’est difficile à faire comprendre.

— En ce cas, revenons au marché des laines, car j’ai l’intelligence très-rebelle.

— Si votre cœur n’a pas le même défaut, c’est tout ce que je demande.

— Mon cœur, monsieur le baron ? le cœur n’a rien à faire dans ce qui nous occupe.

— Le vôtre, peut-être, mais le mien !

— Le vôtre ! est-ce que vous le donnez par-dessus le marché dans la vente de vos laines ? repartit la marchande avec cette expression amoureuse des yeux et de la voix, qui dans le Midi est une nature qui s’applique à tout.

L’air dont madame Dilois dit cela était en même temps si naïvement railleur, que Luizzi en fut vivement troublé et piqué ; mais il eut