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— Ah ! monsieur le baron, dit madame Dilois en jouant un sérieux embarras.

— Oui, oui, dit-il d’un air triomphant, chassez-moi bien vite.

Madame Dilois sourit en se mordant les lèvres. Elle ouvrit la porte et appela. La servante parut et éclaira Luizzi, qui échangea avec la belle marchande des signes d’intelligence. Toute cette fin de conversation avait eu lieu sur les limites de plaisanterie et de coquinisme impossibles à poser pour un Parisien. Il faut être du Midi, il faut avoir l’habitude de ce langage et de cet air empreints d’amour qu’ont nos femmes, pour savoir que ce qui, partout ailleurs, est un aveu, n’est souvent parmi nous qu’un badinage. Luizzi, ou tout autre, devait croire que madame Dilois était une de ces femmes à la fois intéressées et amoureuses qui se distraient des affaires par le plaisir, mais qui, ne lui donnant que le temps perdu, sont obligées de le prendre vite.

Elle lui plut ainsi ; il lui sut gré de n’avoir mis dans sa chute que le voile de la gaieté et non celui de l’hypocrisie, et il sortit en re-