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presque virginal de cette chambre avait disparu ; le lit était foulé ; une lampe de nuit veillait seule. À sa clarté tremblante, Luizzi vit que le déshabillé de madame Dilois était plus complet encore que lorsqu’il l’avait quittée ; elle avait seulement un peignoir de nuit, et elle était descendue les pieds nus.

— Ah ! monsieur, s’écria-t-elle, que vous ai-je fait pour vouloir me perdre !

— Vous perdre ! dit Luizzi en ricanant, je n’y vois pas de danger, et en tout cas il n’y a pas de ma faute.

Luizzi était exaspéré ; il avait tellement compté sur un triomphe complet qu’il était humilié vis-à-vis de lui-même au plus haut degré. En outre de cela, il était gelé, il se sentait ridicule, il fut sans pitié.

— Quoi ! toute cette plaisanterie, tout ce que nous avons dit, vous l’avez pris au sérieux !

— Comment, au sérieux ! mais il me semble que tout autre à ma place en eût fait autant ?

— Tout autre ! mais pour qui me prenez-vous donc ?