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Luizzi se leva, déjeuna, en cherchant un moyen de raconter ce qui lui était arrivé. Luizzi n’eut pas un moment le remords de ce qu’il allait faire. Lorsque l’indiscrétion des hommes ne pardonne pas aux femmes le bonheur qu’elles leur donnent, jugez si elle pardonnera le bonheur qu’ils supposent qu’on a donné à un autre. Mais une confidence à faire n’est pas une chose si aisée qu’on pense. Il faut y être provoqué, sous peine de ressembler à un parleur manant et grossier. Luizzi ne savait trop à qui s’adresser, lorsque le domestique annonça M. Barnet.

— C’est le ciel qui me l’envoie dit Luizzi, en pensant que M. Barnet devait être le digne pendant de sa femme.

C’était un gros homme réjoui, à l’air fin et spirituel, aux manières avenantes.

— Vous m’avez fait l’honneur de passer chez moi, monsieur le baron ; et ma femme m’a dit que vous aviez désiré avoir des renseignements sur la fortune du marquis du Val.

— C’est vrai… c’est vrai… dit Luizzi. Mais ceux que madame Barnet m’a donnés me suf-