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Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/156

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trouvé dans l’ébahissement sur l’air de vertu qu’on respire ici ; eh bien ! je veux te raconter une petite anecdote qui te prouvera que votre manière de juger les femmes est stupide, même dans les idées de votre morale humaine.

— Il s’agit de madame Buré ?

— Oui.

— Ce doit être une honnête femme !

— Tu en jugeras.

— Aurait-elle commis quelque faute ?

— Je ne sais pas, moi ; mais je crois que madame Dilois en a fait une en ne te cédant pas.

— Pour toi, démon ?

— Point du tout, pour elle.

— Je voudrais bien savoir comment.

— Je vais te dire l’histoire de madame Buré.

— À propos de madame Dilois ?

— C’est ma manière. Le bon moyen de juger les gens, c’est de les regarder dans les autres. Si tu te fais homme politique, regarde comment tu as jugé le souverain que tu as aimé, et tu seras juste pour celui que tu hais, et vice versa. Si tu prends femme, rappelle-toi ce que