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punir par une grossièreté de la folie de mon cœur. Voyez comme je suis franc ; je vous fais un aveu bien sincère ; il l’est assez pour vous montrer que j’ai besoin de votre pardon.

Ernest se tut, et madame Buré ne répondit pas. Elle craignait sa propre voix. Il lui eût fallu plus d’art qu’elle n’en avait pour répondre naturellement. Cependant elle ne pouvait garder le silence, et pour se donner le temps de se remettre, elle offrit encore à Ernest l’occasion de parler longuement.

— Vous m’avez dit vos pensées de tout à l’heure, mais vous ne m’avez pas dit vos pensées d’à présent ?

— Oh ! celles-ci sont encore plus folles et plus coupables peut-être, mais tout ce que je vous dirai ne peut vous offenser, je le répète : c’est la confidence d’un de ces rêves d’un moment qu’on bâtit dans sa tête et qui ne s’excusent que parce qu’ils s’évanouissent au jour, et dans quelques heures le mien sera fini.

— Voyons ce rêve.

— Imaginez-vous donc que, lorsque j’ai dé-