Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/181

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ment, et à votre exemple, de quel droit, pour donner à votre vie un intérêt chevaleresque, pour procurer à l’oisiveté de votre opulence l’intérêt d’un roman, de quel droit serais-je troublée, moi, dans ma vie, dans mes habitudes, dans mes devoirs ? de quel droit serais-je insultée dans ma réputation ? car on ne supposerait pas qu’un homme à qui l’on n’a rien fait espérer fît tant d’efforts pour la seule nécessité de se créer un passe-temps qui lui manque. Vous comprenez donc bien que, si je vous écoute, c’est parce qu’il me semble que vous me lisez tout haut un roman que j’entends les yeux fermés.

— Pensez-vous que je le laisserai sans dénouement ?

— J’y compte bien.

— Sur mon honneur, madame, vous avez tort : il en aura un tôt ou tard.

— Arrêtez ! arrêtez ! s’écria madame Buré en ouvrant une glace et en appelant le postillon.

— Que faites-vous, madame ?