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Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/188

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Eh bien ! si cela vous est arrivé, comprenez-moi maintenant. Je vous aime ; je vous aime assez pour vous poursuivre implacablement de mon amour ; je vous aime assez pour échanger la passion longue et obstinée que mon cœur vous a vouée, contre une heure, un moment, un éclair de bonheur : ou vous serez pour moi la fortune qu’on poursuit sans relâche jusqu’à ce qu’on l’ait atteinte, ou vous serez le trésor oublié que j’aurai rencontré par hasard sur une route où je ne repasserai plus.

Ernest s’arrêta, madame Buré ne répondit point.

— Vous vous taisez, vous vous taisez !…

— Eh ! que voulez-vous que je vous réponde, monsieur ! Je vous laisse parler, je n’ai pas autre chose à faire ; vos discours, que j’ai traités de folie, sont devenus une insulte directe et une menace odieuse.

— Oh ! ne croyez pas…

— Que voulez-vous donc que je ne croie pas ? Vous trouvez une femme, et il vous prend fantaisie de désirer cette femme ; et parce qu’elle