Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/207

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présence d’un beau jeune homme comme lui. Les premières paroles qu’il entendit lui ôtèrent cette flatteuse opinion.

— Je suis forcé de vous quitter, lui dit M. Buré. Je pars dans une heure ; je reçois à l’instant la nouvelle d’une faillite qui peut me faire perdre cinquante mille francs ; ma présence à Bayonne peut sauver une bonne partie de cette somme, je n’ai pas un instant à perdre.

Il laissa Luizzi dans un coin du salon et reprit sa conversation avec sa femme et son père. Tout à coup le frère de madame Buré, le capitaine Félix, entra, le visage pâle et l’air hagard.

— Est-il vrai, s’écria-t-il, que ce misérable Lannois ait suspendu ses payements ?

— Oui vraiment, dit madame Buré.

— Enfin ! reprit le capitaine avec une joie cruelle. Je pars pour Bayonne, entendez-vous ; c’est moi que cette affaire regarde.

— C’est moi avant tout le monde, dit M. Buré.

— Toi ! reprit le capitaine.

M. Buré lui fit signe qu’un étranger les écoutait,