Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/206

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le nom de M. de Labitte. Il pouvait en parler comme d’un homme qu’il avait connu, témoigner des regrets sur sa mort malheureuse, et dater ses relations d’une époque qui pouvait faire trembler la coupable. Luizzi résista à cette tentation : le motif qui lui donna cette force, s’il l’avait expliqué comme il croyait le sentir, eût été fort honorable ; mais le Diable n’était pas disposé à lui laisser d’illusions sur son propre compte, pas plus que sur le compte d’autrui, et cela valut au baron une rude leçon sur ce qu’il appelait sa noble discrétion. Voici à quelle occasion il la reçut :

Trois ou quatre jours après son arrivée, il trouva la famille Buré assemblée à l’heure ordinaire, mais un air de mécontentement régnait sur tous les visages. Luizzi craignit d’en être la cause ; la prétention d’être une influence possède tellement certains hommes, qu’ils s’emparent de tout, même des incidents désobligeants, pour se les attribuer. Luizzi supposa qu’une famille où se trouvaient une femme et deux jeunes filles charmantes pouvait s’alarmer de la