Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/215

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espace libre, où le corps se baigne dans une atmosphère toujours pure, est comme une nourriture salubre pour le misérable. L’air, c’est, après la liberté, la première espérance du prisonnier haletant parmi les miasmes délétères d’un cachot ; et l’habitant des maisons basses et des rues étroites de nos grandes villes se promenant à la campagne, c’est le pauvre admis par hasard à la table du riche.

Le capitaine avait écouté Luizzi avec un regard plein d’une sombre défiance ; puis, à mesure qu’il parlait, Armand crut remarquer qu’il se troublait. Enfin, à cet éloge outré de la promenade et du grand air, l’expression soupçonneuse des traits du capitaine s’était encore assombrie, et il avait répondu d’un ton amer :

— Sans doute, mais le pauvre admis par hasard à la table du riche se défend rarement d’un excès. Prenez donc garde, monsieur le baron ! l’indigestion s’assied à côté du pauvre, et le rhumatisme flotte dans l’air ; il est temps, je crois, de quitter le banquet : il fait froid.