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Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/235

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pensée qui me dominerait : c’est qu’une mère doit mourir pour sauver son enfant. Voilà une chose que je vais écrire en gros caractères au haut de chaque page de ce livre, pour que mon œil le voie sans cesse et ne puisse l’oublier jamais : UNE MÈRE DOIT MOURIR POUR SAUVER SON ENFANT.

Et cela était écrit véritablement ainsi, et la malheureuse tourna un regard douloureux vers la chétive créature qui dormait dans son berceau, puis elle posa la tête dans ses mains pendant que Luizzi continuait à lire ce manuscrit qui s’éclairait pour lui à travers les pages déjà lues, comme s’il l’eût tenu dans ses mains et en eût tourné les feuillets à sa volonté.

« J’ai vécu jusqu’à l’âge de dix ans sous la tutelle de mon père et de ma mère. À cette époque mon frère se maria avec Hortense, qui avait à peine quinze ans. Hortense, devenue ma sœur, a toujours été bonne et douce pour moi ; je ne crois pas qu’elle m’ait trahie, je n’ose penser qu’elle soit du nombre de mes bourreaux. Elle