Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/240

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de cet homme ! quand il entra, je me sentis trembler quand il dit : Je suis le capitaine Félix, et j’arrive de l’armée. Oh ! que n’ai-je suivi cet instinct de mon âme ! pourquoi n’ai-je pas nourri et fait grandir en moi cette aversion qu’il m’inspira ? pourquoi, lorsqu’il nous parlait des grandes batailles de l’empire, des malheurs de sa chute, de toutes ces choses qui me le faisaient écouter, pourquoi ai-je raisonné mon cœur pour lui dire : Mais celui-là est brave ; il est fidèle à ce qu’il a aimé ; c’est l’honneur, la probité et la vertu ! Pourquoi, quand son regard sévère me pesait sur le front comme un rayon glacé, quand son visage dur et froid me rendait dure et froide pour lui, pourquoi me suis-je dit que c’était un enfantillage de croire à ces vaines apparences ? J’étais pourtant bien avertie, car, dès ce moment, l’espérance, cette vie de l’âme, ne vint plus à moi que voilée. Le bonheur ne me sembla plus un asile prochain et ouvert : c’était déjà un lointain pays vers lequel il me faudrait marcher à travers des précipices et de rudes