Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/241

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sentiers ; et, lorsqu’en souriant, mon frère dit un jour qu’il fallait resserrer les liens de notre famille par mon mariage avec le frère d’Hortense, n’ai-je pas senti un frisson de mort me saisir des pieds à la tête ? Alors, Dieu me disait pourtant : Voilà le malheur ! Mais je ne l’ai pas cru.

« J’ai écouté toutes ces vaines raisons du monde qui me montraient cet homme comme vertueux, bon, honorable, qui me faisaient honte de mon effroi, qui semblaient m’accuser de méconnaître la vertu, l’honneur, la probité. J’étais folle. On me le disait, je me le répétais sans cesse, et je n’avais rien à répondre ni à moi-même ni aux autres, si ce n’est que cet homme avait fermé mon cœur, coupé les ailes de mes rêves, étouffé les profondes aspirations de ma vie. Pouvais-je dire ce que moi-même je ne comprenais pas ? et ne me pardonnerez-vous pas, mon Dieu ! d’avoir permis, dans le doute où j’étais de moi, sous l’obsession qui m’entourait,