Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/253

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libre et plus gaie dans mes heureux rêves ; en ce moment, c’était pour pleurer.

« Je repris tristement le chemin de la maison. Arrivée à l’endroit où l’inconnu m’avait parlé, je m’arrêtai involontairement. Cependant je ne pensais pas à lui. Sort-il donc de l’âme des émanations sympathiques qui flottent dans l’air ? Oh ! pauvre enfant que j’étais ! je m’arrêtai et je regardai tristement autour de moi. Cet endroit du chemin avait déjà pour moi un souvenir que je cherchais. Tout cela fut rapide et insaisissable, il n’y avait ni désir ni regret ; mais, quand je rentrai à la maison j’avais le cœur ému et serré, mon désespoir s’était enfui, je n’avais plus envie de pleurer, mais j’aurais voulu encore être seule. Hortense me trouva dans le salon, et me dit :

« — Henriette, il faut penser à t’habiller ; nous avons quelqu’un à dîner.

« — Qui donc ? lui dis-je aussitôt, comme si elle m’annonçait une nouvelle bien extraordinaire.

« — Un jeune homme, M. Lannois, que son