Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/259

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mains et suivaient attentivement le bracelet ; ses regards m’arrêtèrent, et, au lieu de l’attacher à mon bras, je le mis dans ma poche. Un triste sourire effleura les lèvres de Léon. J’avais donc compris qu’il mettait du prix à ce que ce cordon, qui avait entouré son bras, vint entourer le mien, et il devina de même que je ne voulais pas lui accorder cette faveur.

« Ô frêles et doux souvenirs de ce saint amour que je lui ai voué, descendez dans ma tombe, jeunes et tendres comme vous avez été ! Revenez tous pour que mon œil, arrêté sur votre ombre légère, s’y repose de ses larmes et de l’aspect glacé de cette prison muette ! Faites-moi regarder doucement en arrière, moi devant qui l’espérance ne marche plus ! Souvenirs heureux ! oh ! que vous m’avez doucement bercé le cœur, lorsque je vous ai compris plus tard, lorsque, arrivée à l’aimer de toute la puissance de mon âme, j’ai senti que toutes ces fugitives inspirations avaient été les premiers tressaillements de la passion qui devait s’emparer de moi ! Oui, cet amour qui m’a pénétrée et brûlée dans