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Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/260

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toute la profondeur de mon âme, cet amour qui m’a égarée, c’est lui qui déjà me troublait du vent tiède de son aile. Depuis l’arrivée de Félix j’avais froid hors de moi et en moi, et j’ai fait comme l’enfant qui a froid, j’ai ouvert les plis de ma robe pour me réchauffer le sein à cette chaude haleine, et je l’ai respirée pour m’y baigner le cœur. Oui, c’était l’amour qui déjà, sans me parler, me montrait du doigt un chemin inconnu et qui m’a menée à la mort ! Hélas ! j’ai suivi ce sentier sans savoir ce que je faisais. Plus tard cependant j’ai compris que, si je l’avais bien voulu, j’aurais su ce que j’éprouvais ; car on ne change pas ainsi pour rien en un moment sans qu’il y ait autre chose dans la vie qu’une rencontre indifférente et un nouveau venu qui s’en ira.

« Tout l’effroi profond que m’avait causé Félix ne m’avait poigné le cœur que dans des heures de solitude et de jour ; le léger tressaillement qui m’agita à la vue de Léon m’empêcha de dormir paisiblement toute la nuit.