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Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/270

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aurais répondu en me jetant dans ses bras, en fondant en larmes, en lui jurant de ne plus l’aimer ; car c’était, selon les idées de notre famille, un crime que l’amour. Mais Hortense, d’ordinaire si bonne et si douce pour moi, se montra gauchement sévère ; elle crut devoir se ranger du parti de Félix, qu’elle venait de blâmer, parce qu’elle supposa qu’il avait besoin d’être défendu dans mon cœur, et me dit avec autorité :

« — Henriette, je viens d’avoir un tort en blâmant la conduite de mon frère. N’en aie pas un plus grand en le condamnant légèrement.

« Cette admonestation me blessa ; et, profitant de ce que je n’avais rien dit qui put la motiver, quoique assurément je sentisse que je la méritais au fond du cœur, je répliquai avec aigreur :

« — Moi, condamner le capitaine Félix ! je n’ai pas parlé de lui, je n’ai pas même prononcé son nom.

« Ma façon de répondre blessa Hortense, et elle me dit sèchement :