Aller au contenu

Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/277

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

lorsqu’un événement imprévu me montra que je n’avais gagné de repos que hors de moi.

« Parmi les plaisirs de mon enfance, j’avais gardé celui de cultiver de mes mains un coin écarté et bien étroit de notre jardin. Il arriva que, des magasins ayant été construits tout auprès, on voulut faire un chemin pour y conduire nos marchandises à travers le parc. Ce chemin m’enlevait mon petit parterre, riche de rosiers que j’avais élevés et que j’aimais. Si mon frère m’eût dit simplement ce qui allait arriver, peut-être n’eussé-je pas pensé à me plaindre de ce hasard ; mais il advint que j’entendis Félix donner l’ordre au jardinier d’enlever toutes mes fleurs pour que les terrassiers pussent travailler le lendemain. Je voulus résister ; il essaya d’abord de plaisanter, je ne répondis que par des reproches sur sa maladresse à faire tout ce qui pouvait me blesser ; son naturel l’emporta, il me répliqua durement, et je courus cacher mes larmes dans ma chambre. On m’y laissa ; j’entendis murmurer sous mes