Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/276

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ce point que j’éprouvais qu’une fois mon cœur ouvert, toute ma vie s’en serait échappée pour aller à lui. Il m’aimait aussi, lui, et je le savais, moi. Cette aventure de Jean-Pierre m’avait été expliquée par cela seul que personne n’avait pu la comprendre.

« Félix avait interrogé ce pauvre homme, et ce pauvre homme lui avait dit qu’il n’avait rien à répondre à ses questions : non-seulement il n’avait rendu aucun service à Léon, mais lorsque celui-ci lui avait donné de l’argent, il l’avait vu pour la première fois. On attribua la réponse de Léon à une mutinerie d’enfant. Moi seule je savais le service que lui avait rendu Jean-Pierre : n’allais-je pas chez ce pauvre malade lorsque Léon me rencontra ?

« Cependant un jour devait venir qui m’arracherait à cette rude tâche de froideur que je m’étais imposée. On ne parlait plus de renvoyer Léon ; il était si laborieux, si doux, si soumis ! Ce nuage de soupçon qui avait existé sur lui et sur moi s’était dissipé ; moi-même je reprenais quelque sécurité,