Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/282

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pas méchante. Si Félix eût voulu rester un ami pour moi, je l’aurais apprécié ce qu’il valait ; mais une fatalité cruelle lui inspirait toujours des choses qui devaient le perdre dans mon cœur et me pousser dans une voie où j’aurais voulu ne pas avancer.

« Chacun s’aperçut le lendemain de ce qui était arrivé, et dès le matin on en causait avant que je fusse descendue. Cela se trouvait être un dimanche, de façon que tout le monde était réuni pour le déjeuner. Félix entrait au moment où, après avoir embrassé ma famille, je répondais au salut de Léon. Félix s’arrêta à la porte, me confondit avec Léon dans un même regard ; puis, voulant dissimuler sa colère sous un air de gaieté railleuse, il dit :

« — J’ai du malheur, Henriette ! J’avais fait préparer un endroit charmant du parc pour y transplanter vos rosiers, mais une main plus habile et plus prompte m’a prévenu.

« Ce regard de Félix, en nous rassemblant sous une même accusation, m’inspira l’idée