Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/292

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« — Tu ne t’attends pas à ce que je te donnerai, disait l’un.

« — Tu verras si je connais ton goût, disait l’autre.

« Chacun se promettait de me faire un grand plaisir, Léon seul n’osait rien me dire. Il ne se vantait pas, il me regardait. Oh ! que c’est affreux de ne plus voir, de ne plus aimer ! Ô mon Dieu ! quand ouvrirez-vous ou fermerez-vous tout à fait ma tombe ?

« Léon me regardait. Mon Dieu, quel charme avez-vous donc mis dans les yeux de celui qu’on aime ? quelle lumière si céleste, quel rayon si éthéré en jaillit donc, qu’il pénètre dans l’âme comme un air qui fait vivre et qui parfume la vie ? Léon me regardait, et je sentais mon cœur se fondre en joie sous son regard. J’étais sûre qu’il avait pensé à moi. Le lendemain venu, après que tout le monde fut levé et fut venu m’apporter, ceux-ci des fleurs, ceux-là des bijoux, je descendis dans le jardin. Léon s’y trouvait. J’étais résolue à recevoir ce que son regard m’avait promis.