Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/296

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de quelques pas. J’oubliai toute prudence, je m’approchai de Léon.

« — Vous avez jeté votre rose ?

« — Ce n’est plus la mienne, c’est celle de tout le monde.

« — C’est mal ce que vous dites là ?

« — C’est mal ce que vous avez fait !

« — Vous qui rendez si bien ce que vous ne trouvez pas, que diriez-vous si j’avais refusé ce qui n’était pas à moi ?

« — Oh ! ne me le rendez pas, reprit-il avec effroi. Il se tut, puis il ajouta tout bas en me regardant : Mais laissez-moi regretter de n’avoir pas gardé ce que j’avais véritablement trouvé.

« Je suivis ses yeux ; ils s’arrêtèrent sur ce bracelet de cheveux qu’il m’avait si timidement rendu. Par un mouvement plus rapide que ma pensée, je le détachai de mon bras, et lui dis :

« — Tenez.

« Il jeta un cri. Je m’enfuis aussitôt. Je craignis de voir son bonheur. Hélas ! on prétend que c’est la douleur de ceux qu’elles aiment qui égare les femmes ; ce