Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/310

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au dernier degré de violence. J’ouvre la porte de ma chambre, et je vois Félix devant mon secrétaire ouvert, Félix fouillant les tiroirs, examinant mes papiers.

« Je poussai un cri d’horreur et de mépris.

« — Qu’y a-t-il ? s’écria mon frère, qui m’avait suivie avec sa femme.

« — Un laquais qui force les meubles, m’écriai-je dans la fureur de mon indignation.

« — Henriette ! s’écria Félix, à qui la violence de mon injure ne laissa pas le temps de rougir de son infâme action.

« — Sortez, lui dis-je, sortez de chez moi ; je vous chasse de cette chambre.

« À ma voix, à mon aspect, mon frère et sa femme restèrent immobiles sur le seuil de ma porte. Leur rougeur attesta à Félix qu’ils étaient honteux pour lui de ce qu’il venait de faire. Et puis la colère avait dû me prêter un accent bien souverain, car le capitaine sortit sans prononcer une parole, la pâleur sur le front, la rage dans les yeux. Le regard que nous échangeâmes alors portait notre destinée à tous deux : ma haine et