Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/315

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espérances ; je n’eusse pas revu Léon si on eût laissé mes pas libres d’aller le trouver. Ils n’avaient pas compris cela, ils ne comprirent pas non plus pourquoi je m’obstinai à ne pas descendre ; et sûrs qu’ils étaient de mon innocence, car j’ai su depuis que les nobles protestations de Léon les avaient éclairés, sûrs de mon innocence, ils ne revinrent pas à moi me consoler de leurs soupçons ; ils me laissèrent sous la flétrissure d’une accusation d’infamie, parce que Félix leur disait qu’il ne fallait pas céder à une passion de jeune fille, à une colère d’enfant. Je restai donc avec cette pensée qu’ils me croyaient coupable ; rassurés sur mon honneur, ils dédaignèrent de me rassurer sur leur pardon. Peut-être j’aurais dû aller l’implorer ; mais demander pardon, c’était une justice pour Félix, et je ne le pouvais pas. Oh ! j’ai bien accompli dans toute leur force les deux grandes passions du cœur des femmes, l’amour et l’aversion. J’aimais Léon jusqu’à mourir pour lui, et