Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/322

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« Un trouble inouï me monta du cœur à la tête ; il me sembla que ma pensée s’en allait, qu’un vertige me prenait et allait me faire tomber. Je répondis d’une voix que j’arrachai avec effort de ma poitrine.

« — Laissez-moi… laissez-moi…

« Il ne tint compte de ma terreur, et me prit dans ses bras. Je le repoussai sans le comprendre.

« — Non, lui dis-je, non !

« — Tu m’aimes, et tu seras à moi, reprit-il, à moi, mon Henriette bien-aimée, à moi alors, à moi maintenant, et je croirai à ton amour, et je croirai que tu m’aimes comme je t’aime, que ta vie m’appartient comme la mienne est à toi ?

« — Oui, lui dis-je, je vous l’ai juré ; je serai à vous, Léon, Léon, n’est-ce pas assez ?

« — Pourquoi me repousser ainsi ? reprit-il en se servant de sa force pour tenir mes mains captives, et je sentis ses lèvres sur les miennes.

« Je me levai tremblante, éperdue.

« — Non, non, non ! lui dis-je, refusant à