Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/323

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

mon trouble plutôt qu’à ses désirs ; car, j’en jure Dieu, j’ignorais ce qu’il me demandait.

« — Henriette ! Henriette ! reprit-il.

« — Ah ! m’écriai-je en exprimant un sentiment inouï d’épouvante, Léon, Léon, vous ne m’aimez pas.

« Et je me pris à pleurer.

« — Oh ! qu’as-tu dit, Henriette ? s’écria-t-il tristement en me ramenant près de lui. Je ne t’aime pas ! et pour cet amour cependant j’ai supporté six mois l’insolence de cet homme à qui tu dois appartenir ! pour ne pas élever un obstacle de sang entre nous, je ne l’ai pas tué, cet homme, qui a osé me dire que tu serais à lui !

« — Jamais !

« — Jamais, dis-tu ? mais il reste, et moi je pars, et toute ta famille sera autour de toi, qui te suppliera, qui te menacera, qui te dira que je ne t’aimais pas, qui te parlera contre moi. Et qui sait, peut-être, si, dans un jour de doute, de terreur et de faiblesse, tu ne succomberas pas, tu ne me trahiras pas ?