Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/326

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« — Ah ! merci, âme de ma vie ! Tu m’appartiens maintenant comme l’enfant à la mère. Maintenant ils me donneront ta main, ou nous mourrons ensemble. Henriette, Henriette, dis-moi que tu me pardonnes.

« Je crus comprendre son ivresse ; il venait d’être sûr que je l’aimais. Oh ! misérable gage d’amour que l’honneur d’une femme ! Je renfermai mon remords, je ne voulus rien retenir de la félicité que je venais de lui donner.

« Ce fut alors, alors seulement, qu’il me parla d’avenir et de projets ; je le laissai dire. Je n’avais plus qu’à me confier à lui, j’avais perdu le droit de lui donner un conseil, de lui demander une espérance ; je n’avais plus de souci à prendre de moi ; il avait voulu ma vie, je la lui avais donnée, je sentais qu’il en était seul responsable. Nous nous quittâmes alors : il partit, je rentrai chez moi. Ce fut une nuit de larmes suivie d’un jour d’affreuses tortures.