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Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/331

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sans que rien m’avertît que les intentions de ma famille fussent changées à mon égard. J’étais au milieu d’elle comme une jeune fille triste d’un fol amour, et à qui on laisse par pitié la liberté de sa tristesse. On était affectueux avec moi, on allait au-devant de mes désirs quand le hasard me faisait prononcer un mot qui avait l’air d’un désir ; mais on ne venait pas à mon cœur.

« Ni ma mère, ni mon père, ni Hortense ne s’approchaient jamais de moi pour me tendre la main, en me disant que je devais avoir autre chose dans le cœur qu’une passion d’enfant, pour souffrir ce que je souffrais.

« Cette position, à laquelle je m’étais soumise parce que je ne m’en étais pas aperçue, me devint alors insupportable. Que faisait Léon ? Comment n’avait-il pas trouvé un moyen de m’avertir de ses démarches ? Comment moi-même ne l’avais-je pas prévenu de ma position ? Tout cela me donna l’agitation du malheur, après que j’en avais subi l’accablement. La servante qui m’avait remis la lettre de Léon m’évitait