Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/333

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au milieu des malédictions de ma famille. Mais, par une étrange circonstance qui se retrouvait également dans les rêves de mes insomnies et dans les rêves de mon sommeil, jamais Félix ne m’apparaissait dans ces épouvantables délires : seulement il me semblait qu’un fantôme inconnu planait sur ma tête avec un rire hideux. Était-ce donc que mon âme comprenait que menacer et maudire n’était pas assez pour lui, et que mon imagination était en même temps incapable de se représenter un supplice qui fût digne de la cruauté de cet homme ? Je souffrais tant alors que je croyais être arrivée au dernier terme de mon courage. Je ne connaissais pas cette misérable faculté de l’âme qui lui fait trouver des forces pour toutes les douleurs, de manière à ce qu’elle sente toutes les atteintes avant de mourir ou de devenir insensible. Bientôt je commençai ce fatal enseignement. Il m’arriva par de brûlantes blessures qui me dévorèrent le cœur, et par des étreintes glacées qui le serrèrent au point de l’arrêter dans ma poitrine.