Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/337

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Oui, lorsque j’ai entrepris ce récit, j’ai cru que le tableau des tortures que je souffre serait le plus cruel à tracer, et maintenant je vois qu’il en est qu’il m’est, pour ainsi dire, impossible de faire comprendre. Oui, quand je dirai qu’on m’a enfermée dans une tombe, loin de l’air et du sommeil, quand je donnerai les horribles détails de cette captivité où je meurs, on me plaindra, on me devinera ; mais pourrais-je faire sentir à d’autres les horreurs d’une brutalité qui écrase et pétrit le cœur et la vie d’une malheureuse sous ses doigts insensibles ? N’importe ! j’essayerai de le dire, car il faut que toutes mes douleurs soient connues, et peut-être, lorsqu’elles le seront, y aura-t-il un cœur de femme qui me comprendra, me pleurera, et priera le ciel pour que les douleurs de ce monde me soient comptées dans un autre.

« D’abord, ce fut entre M. Lannois et ma famille un échange de politesses, puis une conversation d’affaires ; et enfin il s’écria en s’étendant sur son fauteuil :