Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/339

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s’aiment, entendez-vous bien ? et, pour parler par calembour, ceux qui s’aiment (sèment) finissent par récolter.

« Certes, de tous ceux qui écoutaient les étranges paroles de cet homme, j’étais l’esprit le plus innocent et le plus inaccoutumé à la grossièreté de pareilles équivoques, et cependant je compris cette grossièreté. Ne pouvant en entendre davantage, je m’enfuis dans le parc. J’allais comme une folle ; ma dernière chance de salut venait de m’être ravie. En ce moment, je voyais que ma famille devait refuser des propositions faites ainsi ; et telle était la dignité des manières auxquelles j’étais accoutumée, que je ne pouvais en vouloir à personne de ce refus. Que dirai-je ? mon Dieu ! Oui, si moi je n’eusse pas été coupable, je ne sais si cet homme ne m’eût pas fait détourner la tête d’un bonheur auquel il aurait donné la main. En ce moment où j’écris les mots grossiers qui étaient le langage du père de Léon, je me sens rouge et honteuse.

« Mais il faut que je dise ce qui amena mon malheur, et comment j’ai pu être effacée de ce monde,