Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/340

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sans que personne s’en soit informé.

« J’étais dans le parc, pleurant, et prise de ce vertige qui mène au suicide. Hélas ! si dans ce moment un gouffre, une mer s’étaient offerts à mes pas, je m’y serais précipitée. Mais j’errais parmi des fleurs et sur des gazons, meurtrissant mon sein et pressant ma tête qui éclatait en larmes, lorsque tout à coup j’aperçus M. Lannois qui sortait de la maison et qui, d’un air agité et colère, se dirigeait vers la grille où était restée sa voiture. Quelque cruelle et brutale que fût son assistance, c’était la dernière qui me pût venir en aide. Je m’élançai vers lui, et, emportée par ma douleur, je lui criai :

« — Quoi ! vous partez, Monsieur ?

« J’étais si désespérée, mon accent avait quelque chose de si déchirant, que M. Lannois recula et me considéra un moment avec étonnement ; puis il reprit de ce ton mortel qui brisait toute espérance, comme la roue d’une machine qui broie indifféremment le fer qu’on lui