Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/352

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souffrir, et la mort sera sans doute le seul terme où s’arrêtera cette souffrance.

— Henriette, reprit Félix, écoutez-moi bien ! Une dernière fois je vous offre la vie ; je vous ai trompée quand je vous ai dit que vous passiez pour morte ; le mot que j’ai dit devant M. Lannois fut recueilli et répété par lui ; on vous crut folle, et nous profitâmes de cette opinion pour répandre le bruit que nous vous avions fait quitter la France. On vous croit enfermée dans une maison de fous d’Amérique ou d’Angleterre, et, de même que vous pouvez n’en revenir jamais, vous pouvez en arriver demain. Mais vous devez comprendre, Henriette, qu’il y a entre vous et moi un trop grand crime pour que je n’enchaîne pas votre silence par des liens que vous n’oseriez briser. Vous reparaîtrez dans le monde, mais pour être ma femme, mais en me laissant cet enfant comme otage contre votre vengeance.

— Vous avez raison, Félix, répondit Henriette, il y a un grand crime entre nous ; mais ce crime sera plus grand que vous ne le pensez ;