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visage, celle d’un dégoût profond dominait les autres. Au lieu d’attendre qu’Armand l’interrogeât, il lui adressa la parole le premier.

— Me voici pour accomplir le marché que j’ai fait avec ta famille, et par lequel je dois donner à chacun des barons de Luizzi de Ronquerolles ce qu’il me demandera ; tu connais les conditions de ce marché, je suppose ?

— Oui, répondit Armand ; en échange de ce don, chacun de nous t’appartient, à moins qu’il ne puisse prouver qu’il a été heureux durant dix années de sa vie.

— Et chacun de tes ancêtres, reprit Satan, m’a demandé ce qu’il croyait être le bonheur, afin de m’échapper à l’heure de sa mort.

— Et tous se sont trompés, n’est-ce pas ?

— Tous. Ils m’ont demandé de l’argent, de la gloire, de la science, du pouvoir, et le pouvoir, la science, la gloire, l’argent, les ont tous rendus malheureux.

— C’est donc un marché tout à ton avantage et que je devrais refuser de conclure ?

— Tu le peux.