Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/52

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recommandations. Ce que nous vous dirons sera donc vrai et moral : ce ne sera pas notre faute si cela n’est pas toujours flatteur et honnête.

Cependant, malgré les desseins de Luizzi, les récits de son esclave commencèrent plus tôt qu’il ne pensait.

Malheur à qui l’enfer accorde le pouvoir d’arracher aux choses humaines le voile des apparences ; il n’a de repos qu’il n’ait tenté cette dangereuse épreuve. Deux fois malheur à celui qui a succombé une fois à cette tentation, il trouve la soif dans la coupe où il croyait se désaltérer. Du reste le besoin qui naît de l’aliment même qu’on lui donne m’a été admirablement exprimé par un ivrogne à qui j’offrais, en croyant le railler, d’essayer encore de quelques bouteilles de bordeaux, et qui me répondit candidement :

— Je le veux bien ; car je ne connais rien qui altère comme de boire.

Toutefois ce ne fut pas un désir bien ardent qui poussa Luizzi à demander cette première gorgée du poison dévorant que le Diable lui versa en-