Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/64

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duisit dans une pièce séparée. L’aspect, les mouvements, la langueur de cette femme étaient tellement amoureux, que le baron s’attendait à un boudoir bleu et parfumé, enfermé dans la poudreuse enceinte des bureaux comme une pensée d’amour au milieu des préoccupations arides des affaires. Le boudoir était encore un bureau. Le demi-jour qui y régnait venait de la mousseline de poussière entassée sur les carreaux, à travers lesquels on voyait encore les épaisses barres de fer qui protégeaient la croisée. Un bureau noir, une caisse de fer à triple serrure, un fauteuil de bureau en maroquin, un cartonnier, quelques chaises de paille, tel était l’ameublement de cet asile que Luizzi s’était figuré si suavement mystérieux. Sans doute cet aspect eût dû détruire la belle illusion de Luizzi ; mais, à défaut du temple, la divinité demeura pour continuer la foi du baron, et madame Dilois, doucement affaissée dans son fauteuil de bureau, sa belle main blanche posée sur les pages griffonnées d’un livre courant, les pieds timidement posés sur la brique hu-