Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/87

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— Dieu le sait, monsieur le baron, et Dieu doit le savoir, car maintenant elle est toute en lui.

— Elle est dévote ?

— Fanatique, vivant de jeûnes et de pénitences. Ça lui va ; il n’y a donc rien à dire : chacun est le maître de s’arranger comme il veut ; mais je crains bien qu’elle ne périsse à la peine.

Luizzi leva les yeux sur la montre enfermée dans le ventre d’un magot en buis, qui figurait une pendule sur la cheminée, et vit qu’il était près de huit heures. Il se leva : le peu qu’il avait entendu sur madame du Val avait excité sa curiosité, et cependant il ne tenta point d’en savoir davantage. L’aspect de Lucy avait réveillé dans le cœur de Luizzi de tendres souvenirs d’enfance, et, sans prévoir ce que pourrait lui en dire madame Barnet, il ne voulut pas en entendre parler par elle. Ce n’est pas toujours ce qu’on dit de certaines personnes qui nous blesse, c’est qu’elles soient un sujet de conversation pour certaines gens. Il est des noms harmonieux au cœur que personne ne prononce à notre guise, et que les voix qui nous déplaisent déchirent rien qu’en