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— Passez tout droit devant l’hôtel, vous me retrouverez à l’autre bout de la rue.

Elle continua son chemin, et Luizzi, qui s’arrêta un moment, la vit prendre une rue détournée. Il ne savait trop que penser de cette injonction ; cependant, comme il y pouvait obéir sans renoncer à entrer plus tard dans l’hôtel, il se décida à la suivre. Seulement, en passant devant la porte cochère, il jeta à droite et à gauche un regard investigateur, et vit à quelques pas un homme enveloppé d’un manteau, et qui semblait surveiller l’hôtel. Luizzi fut tenté d’aller droit à lui, et de savoir quel était cet homme. Mais c’eût été un scandale, qu’il n’avait ni le droit légal ni le droit intime de faire ; d’ailleurs, Luizzi savait que dans toute querelle d’hommes où le nom d’une femme peut être prononcé, c’est elle qui est toujours la victime, l’un des deux adversaires dût-il y périr. Il poursuivit sa marche, et, à une assez grande distance de l’hôtel, à l’angle d’une petite rue, la servante parut, et dit à Armand :

— Vite, suivez-moi.