Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/96

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large glace encadrée de plis de moire bleue, à la tête de ce divan, une Vierge des Sept-Douleurs, et au pied un christ d’ivoire sur un velours noir. Luizzi regarda ce boudoir ou cet oratoire avec un trouble étrange, puis vinrent les réflexions sur la manière dont il avait été introduit. Cet homme qui surveillait l’hôtel, qui s’était présenté à la petite porte du jardin, qui en possédait une clef ; c’était un amant assurément. Mais lui-même Luizzi n’avait-il pas l’air plutôt d’en être un, et si quelqu’un l’eût vu entrer chez la marquise du Val comme il y était entré, n’aurait-il pas eu le droit de penser que Luizzi allait en bonne fortune ? Cependant ce quelqu’un se fût trompé aux apparences. Luizzi ne pouvait-il pas faire de même ? Il ne savait donc qu’imaginer en attendant que Lucy lui donnât l’explication de tout ce mystère lorsque la marquise entra vivement dans le salon. Son air, son aspect surprirent Luizzi : ce n’était pas la femme tristement avenante qu’il avait vue le matin. Il y avait dans son visage une expression hardie et exaltée dont il ne l’eût pas crue sus-