Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/124

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« Plane, une étoile au front, sur tous mes adversaires :
« Aigle, ne laisse pas s’avilir dans tes serres
« Ce foudre harmonieux, fait, splendide et vainqueur,
« Du charbon d’Isaïe et des feux de mon cœur.

« Le Poëte est puissant, très-puissant…, prends-y garde ;
« Son œil rend éternels les objets qu’il regarde ;
« Lève toujours le tien ; , c’est là-haut qu’est le port ;
« Présente l’immuable à qui cherche un support.
« Comme tu vois peser, dans leurs courbes profondes,
« Sur Dieu tous les soleils, sur les soleils les mondes,
« Éclairant, les esprits- de doutes combattus,
« Fais tourner sur la foi le cercle des vertus ! »

Ainsi me conviant à. sa chaste tutelle,
En me baisant au front me parla l’immortelle.
Je ne l’écoutai pas…. je n’avais pas la foi,
Pour chanter l’invisible entre Milton et toi ;
Ou pour décomposer dans un pieux délire
La lumière incréée, au prisme de la lyre
Je n’avais pas la foi pour que, de l’aube au soir,
Mon extase flottât en servile encensoir :
Fleur où toute rosée en lave ardente glisse,
Mon âme ouvrit ailleurs son effrayant calice.
La gloire m’inscrivit sur son livre pourpré ;
Mais ce livre est banal et souvent lacéré.
L’amour vint me verser ses flammes périssables ;
Mais ce sémoun en moi n’agita que des sables.
Et, comme Roméo vers la tombe attiré,
Je surpris le néant sur le front adoré.
La nature à sa voix me rencontra rebelle,
Et je ne sus jamais si l’étoile était belle.