Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/141

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Contre ses rocs de feu ma lyre torturée.
Muse, reposons-nous…. Peuples des lacs fumants,
Vous m’appelez en vain vers d’humides tourments !
Tu m’appelles en vain, ô toi ! qu’un incendie
Lance du sein profond de sa flamme agrandie,
Entre les bras glacés des fantômes hurlants
Qu’un orage de neige emporte dans ses flancs.

Tel, quand Moscou levant sa torche indépendante,
Se faisait, pour sa mort, une chapelle ardente,
Un Géant, qu’ombrageaient cent drapeaux frémissants,
Dans le cercle embrasé tordait.ses bras puissants.
Il explore en fureur le réseau de murailles,
Où son aigle, surpris dans les brûlantes mailles,
Interrompait ce vol dont l’arc universel
S’appuyant sur Cadix, penchait vers Archangel.
Il a vu contre lui s’allumer sa conquête.
Tout labouré de feux, de sa base à son faîte,
Il lutte ; et le Kremlin, du sol déraciné,
Tombe, heurté par lui, sur Moscou calciné.
Mais ce combat éteint, un autre le remplace ;
La mer de feux le jette à l’ouragan de glace.
La lutte recommence, et le colosse altier,
Le colosse invaincu se levant tout entier,
Plus haut que le nuage a redressé sa tête :
Ses iras, pour l’étouffer, s’ouvrent à la.tempête.
Il ne croit pas encor, en le sondant à fond,
Pour l’engloutir armé l’hiver assez profond ;
Et dans cette nature aux glaces asservie,
Son sein respire encor la gloire, air de sa vie.
Vain espoir qu’entretient le portrait d’un enfant !!
Sa cuirasse de fer sous les frimas se fend.