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Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/148

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Nouer à tes cheveux l’or du royal bandeau ;
Et, posant sur ton front une main souveraine,
Dire : —A genoux, maudits ! cet ange est votre reine ! —
Mais quelquefois ton nom, sur ce bronze gravé,
Jette un second enfer au sein du réprouvé.

« O Sémida ! dit-il, du fond de mon veuvage,
« Que je hais de ton ciel le lumineux servage !
« Jamais ton dieu sous lui n’a pu me voir plier,
« Et mon genou d’airain ne sait pas supplier !
« Tandis qu’on te voyait pleurer et te soumettre,.
« En tombant dans ces feus je m’en rendais le maître !
« Près de tan Éloïm, sois heureuse sans moi ; .
« L’enfer que j’ai conquis me console de toi.
« Mon regard sur ce livre aime à compter encore
« Tous les pas que je fis vers la nuit sans, aurore,
« Avant que ton trépas, triste et dernier revers,
« Avec toi dans la tombe entraînât l’univers.
« Sois heureuse sans moi, fille inconstante d’Eve !
« Et toi qui, pour nous deux, ainsi qu’un double rêve,
« As créé de ta main le ciel et les enfers,
« Tyran que j’épouvante en agitant mes fers ;
« Toi qui pouvais courber les creux et non mon âme,
« Pour triompher de moi tu vainquis une femme.
« Je vis sous ton courroux la terre s’engloutir ;
« Parce que j’y régnais tu vins l’anéantir.
« Mais je ne crains plus rien de toi, maître adorable !
« Ton amour, par bonheur, fit l’enfer plus durable,
« Et mon trône, à présent, de haine cimenté,
« Comme le tien pour base a pris l’éternité.
« Sur ce trône orageux je suis monté sublime,
« Tout aspergé du sang et des pleurs de l’abîme :