Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/149

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« A son prince vieilli l’enfer m’a préféré.
« Réprouvé « ans vigueur, démon dégénéré,
« Rien n’avertissait plus ici de sa présence ;
« Je savais mieux haïr, c’était là ma puissance.
« Tout ce qui te maudit m’a choisi pour son roi ;
« Adam tomba sous lui, Satan croule sous moi :
« Retour juste et terrible, irrévocable échange,
« De son jardin brûlant j’ai dépouillé l’archange,
« Et, du tout de sa gloire enfin précipité,
« La vengeance du monde est dans ma royauté.
« Que Lucifer vaincu t’invoque dans la poudre- !
« Que son cœur, rencontrant le remords sous ma foudre,
« Te demande aujourd’hui sa grâce ou le trépas !
« Étrange adorateur que tu n’attendais pas !!…
« Moi, je n’ai qu’un seul cri, c’est un cri de blasphème ;
« En tel lieu que je sois, je suis toujours le même ! .
« Salut, ardente nuit qui remplaces nos jours !
« Tous nos soleils sont morts, tes feux vivront toujours.
« Antres plus embrasés qu’un volcan du Pélore !
« Hydres que mon sourire aux enfers fait éclore !
« Noirs palais, lacs de soufre, océans dont les flots
« Battent d’un choc tonnant les portes du chaos !
« Rochers où le vautour voit flamboyer son aire !
« Forêts de dragonniers qu’écharpa le tonnerre !
« Régions de malheur, sol de pleurs imprégné,
« Sombre et seul univers où Dieu n’ait pas régné,
« Salut !… Trop à l’étroit jadis dans mon empire,
« A mon sceptre aujourd’hui l’infini peut suffire !! »

Il dit, et dans l’horreur de ce feu corrosif,
Un long pli sinueux sur son front convulsif
Le dément… Dans la nuit où Dieu le précipite,