Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/153

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Le voyageur s’arrête, il contemple en silence
L’image des sept tours que Marmara balance ;
Et par delà ses flots l’Olympe radieux,
Mont sublime qu’Homère emporta chez les Dieux ;
Et ces champs de cyprès, semés de blanches tombes,
Où le cygne se mêle au vol bleu des.colombes ;
Ces ’marbres, ces granits, ces bronzes dentelés,
Ces kiosques transparents de « verdure voilés ;
Ces dômes colorés, tout baignés de tanière
Et courbant dans l’air pur leurs arcs-en-ciel de pierre ;
La fontaine mauresque et le concert flottant
Des caïques pourprés sur le golfe éclatant ;
Jardins, vergers, palais, ondoyant labyrinthe,
Que presse le soleil de sa brûlante étreinte ;
Tout l’éblouissement du luxe oriental ;
Trèfles, croissants vermeils et globes de métal,
Se mirant dans les flots comme un groupe d’étoiles ;
Murs pailletés d’argent ainsi que de grands voiles ;
Phares multipliés, terrasses en festons ;
Arabesques courant sur l’émail des frontons ;
Bazars où s’ombrageant du palmier des collines,
Fumant leurs pipes d’ambre au son des mandolines,
Sur leur front dédaigneux les filles d’Yémen
Gardent de la beauté le type surhumain ;
Et les hauts minarets dominant les platanes
Qui jettent leur fraîcheur aux amours des sultanes ;
Et le sérail montant de degrés en degrés
Avec ses flèches d’or -et ses balcons dorés ;
Constantinople enfin !!! sous des berceaux de rose
S’éveillant au matin, pour son apothéose.
Reine de l’Orient, qui doit sa royauté,
Ainsi qu’une odalisque, à sa seule beauté.