Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/159

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Il se jette au milieu des pâles spectateurs,
Le dieu lance dans l’air tous ses adorateurs,
Et de ses bonds puissants promenant la tempête,
Sous ses pieds révérés il écrase sa fête.
Et voilà que foulant les plaisirs sous leurs pas,
Convives monstrueux que l’on n’attendait pas,
Ces animaux géants, inconnus à nos plages,
Rois du globe avant l’homme, au vieux berceau des âges,
Ces animaux, empreints de malédiction,
Que le Très-Haut bannit de la création,
Nés peut-être, jadis, du commerce adultère
De Satan s’unissant aux germes de la terre,
Et qui dans les enfers se sont acclimatés,
Arrivent demandant leur part de voluptés.
Les ichtyosaurus sortent de la mer Morte ;
Les mamouths, lourds fardeaux du rocher qui les porte,
S’élancent tous ensemble, épouvantant les jeux
Des peuples dispersés par leur groupe orageux.
Descendu des grands monts, sans que nul bras le dompte,
Aux salles du banquet entre le mastodonte ;
La mort, pour l’effrayer, agite en vain sa faux.
Sous les mille frontons de ses arcs triomphaux,
Idaméel voit fuir sa fête qu’on insulte :
Mais l’ombre de sa main apaise le tumulte.

*


Poètes nonchalants de lotus couronnés,
Autour du roi maudit, l’élite des damnés
Raconte dans ses chants quelque amoureux mystère,
Quelque ancien souvenir émané de la terre ;
Comme au temps où Clémence, au pied des ormes verts,