Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/160

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Mêlait quatre fleurs d’or à la moisson des vers,
Et, pour les luths rêveurs brisant la cornemuse,
Mûrissait d’un regard l’épi blond de la muse.

— J’aimais Virginia, dit l’un ; pour l’obtenir,
J’appelai Lucifer toujours prêt à venir.
Il me dit : — Elle a pris le voile à Sainte-Claire ;
Si je l’amène ici, quel sera mon salaire ? —
Ma vie et mes vingt ans. — Non. — Mon éternité,
Mon âme de chrétien… — Le pacte est arrêté. —
A l’œuvre donc ; je veux savoir ce qu’une femme
Peut donner de bonheur pour nous payer notre âme. —
L’appel cabalistique aussitôt commença,
Et l’esprit en fuyant sur mes cheveux glissa.

Des sons d’une douceur ineffable, infinie,
Nuançaient le silence à leur faible harmonie ;
Et je sentais mon cœur se fondre en écoutant,
Écho mélodieux de ce concert flottant !
Lorsqu’à travers l’azur de mes vitraux gothiques,
Aux soupirs vaporeux des notes extatiques,
Une forme brilla, blanche dans le lointain,
Comme un trait lumineux sur le front du matin.
Elle approche, en laissant des sillons d’étincelles ;
Les accords voltigeants la portent sur leurs ailes.
C’était Virginia, pure, et contre un mortel
Enveloppant son cœur des voiles de l’autel,
Virginia, conquise au prix de mes deux mondes !
Un front pâle de sainte, orné de boucles blondes,
Et qui pâlit encor sous le feu dévorant
Du regard enchanté qu’elle suit en pleurant.
« Oh ! grâce, j’appartiens au Seigneur et je pleure.